Histoire du Tir à l’Arc

La Préhistoire

Les plus anciennes traces d’arc et de flèches connues remontent au mésolithique, il y a plus de 10000 ans. L’arc est répandu sur presque tous les continents à l’exception notable de l’Australie. Les premiers arcs connus étaient fabriqués surtout en if mais aussi en orme ou en frêne et leur usage était probablement lié en grande partie à la chasse, même si l’arc sera très rapidement associé aux pratiques guerrières. Les données fournies par l’archéologie font remonter l’arc au mésolithique mais il est possible qu’il soit plus ancien.

Des pointes de projectiles retrouvées en fouille et datant du gravettien (22000 à 28000 ans) auraient pu être utilisées avec des arcs mais la question reste encore en suspens. Comme pour la chasse à l’arc moderne, l’homme préhistorique utilise d’abord les capacités tranchantes du silex pour la chasse. Parmi les gibiers les plus chassés, on retrouve le renne et le cheval pour les périodes les plus froides puis les cerfs, bouquetins et autres pour les périodes tempérées. Au néolithique, la présence de pointes « assommoir » laisserait à penser qu’on a aussi utilisé l’arc pour chasser le petit gibier.

Saint Sébastien, saint patron des Archers

Aux alentours de l’an 250, Rome possédait de nombreuses compagnies d’archers. En 280, une centurie d’archers était sous le commandement d’un Narbonnais nommé Sébastien. Celui-ci vint à se convertir à la religion chrétienne, ce qui était quelque peu mal vu à l’époque. Lorsque l’empereur Dioclétien l’apprit, il demanda à Sébastien de bien vouloir abjurer sa foi. Celui-ci refusa et fut condamné à être percé de flèches par ses propres archers. Selon la légende, les archers, qui avaient beaucoup d’estime pour leur chef, auraient évité de viser le cœur, si bien que Sébastien ne succomba pas à ses blessures. Laissé pour mort, il fut recueilli par Irène, veuve du martyr Saint Catulle.

Grâce aux bons soins d’Irène, il se remit complètement, mais, têtu, se plaça sur le chemin de l’empereur pour lui demander des comptes. Dioclétien, agacé, le fit mettre à mort à coups de gourdin et fit jeter son corps aux égouts. Il fut recueilli par une femme romaine catholique, Lucile, qui le fit enterrer dans les catacombes sous la voie Appia.

En l’an 890, l’évêque de Soisson fit le voeu de rapatrier les reliques de  Saint Sébastien dans son diocèse. Il arma Chevaliers les archers de la compagnie de Soisson et les envoya récupérer les précieuses reliques pour les placer dans l’abbaye de Saint Médard à Soisson. A la suite de cet épisode débuta la chevalerie d’arc.

Le Moyen Age et Haut Moyen-Age

Au XIème siècle commencent les regroupements d’archers libres pour défendre les villes. Ces archers se doivent de respecter une certaine éthique qui comporte des composantes religieuses et militaires.

Louis VI « le gros » affranchi au XIIème siècle les communes qui, pour leur défense, réorganisent les regroupements d’archers en compagnies militaires, leur accordent des privilèges importants comme l’exonération des taxes (taille, gabelle…) et les exemptent du guet, qui monopolisait alors beaucoup de monde.

Charles V formalise les règles régissant ces compagnies (fidélité, loyauté, honneur). Ces compagnies doivent participer au maintien de l’ordre et à la défense des cités. En 1411, Charles VI crée la Compagnie des Archers de Paris.

La guerre de 100 ans démontrera la supériorité des armées privilégiant l’archerie par rapport aux armées traditionnelles (cavalerie et infanterie) : la bataille d’Azincourt, en 1415, en sera un des exemples les plus marquants (et des plus douloureux pour la France). L’armée française de Charles VI, pourtant forte de 25000 hommes, sera défaite par l’armée anglaise d’Henry V comptant 6000 hommes dont 5000 archers. Ce sera le début de la fin des armées en armures.

En 1448, Charles VII crée les Compagnies de Francs Archers.
Comme auparavant, pour favoriser les vocations, ils bénéficient d’avantages importants comme l’exemption d’impôt. Les Compagnies sont rémunérées directement par les villes.
Au début du 16ème siècle, on constatera une diminution progressive du nombre des Compagnies d’archers au profit des arbalétriers et des arquebusiers. De nouveau, une erreur stratégique: l’arbalète était effectivement bien plus puissante mais avait comme énorme défaut d’avoir une cadence de tir trop lente. Un archer adverse avait le temps de tirer 6 flèches quand l’arbalétrier en était encore à réarmer son arme. De nouveau, l’armée anglaise taillerra des croupières à l’armée française.

De la Révolution à nos jours

La Révolution Française dissout les Compagnies d’Arc, très suspectes du fait de leur militarisation et de leur attachement religieux. Certains capitaines seront même exécutés et d’autres seront persécutés.

A partir de 1793, les Compagnies se reforment petit à petit, en particulier dans le nord de la France, en Picardie et en Île de France. La composante religieuse est écartée au profit de la composante chevaleresque.

En 1863, les Compagnies adoptent de nouveaux statuts, supprimant formellement la composante religieuse et se rapprochant du compagnonnage. A la fin du 19ème siècle, la région parisienne compte environ 200 compagnies.

En 1899, on assiste à la création d’une Fédération des Compagnies d’Arc d’Île de France, avec de nouveau une refonte des règles de chevalerie et en supprimant les composantes politiques. En 1928, la fédération s’étend à la France entière et prend le nom de Fédération Française de Tir à l’Arc (FFTA). Le tir à l’arc devient discipline olympique. On constate alors une augmentation régulière du nombre des licenciés, une orientation marquée vers la compétition et une diminution des valeurs de la chevalerie. Des clubs de tir à l’arc sont créés à la place des compagnies d’autrefois.
Les années 1960 voient une disparition progressive de la Chevalerie d’arc au sein des Compagnies. On constate à l’heure actuelle une renaissance discrète de celle-ci.